La rage
La rage est une maladie animale virale, qui peut se transmettre à l’être humain. Présent dans la salive des animaux infectés avant l’apparition des premiers signes cliniques, le virus est principalement transmis à un autre animal ou à l'être humain par morsure. L’Anses joue un rôle prépondérant dans le système français de surveillance de la rage animale, via son laboratoire de la rage et de la faune sauvage qui participe depuis près de 50 ans à lutter contre cette maladie. L’Agence évalue également les risques liés à la rage.
La rage : une maladie présente sur tous les continents
La rage est une zoonose, c'est-à-dire une maladie animale transmissible à l'être humain (et inversement), causée par un virus du genre Lyssavirus.
Comment se transmet la maladie ?
Présent dans la salive des animaux infectés avant l’apparition des premiers signes cliniques, le virus est principalement transmis à un autre animal ou à l'être humain par morsure. La salive d'un animal enragé au contact d'une plaie ou d'une muqueuse peut également provoquer une contamination. Dès l'apparition des signes cliniques, la maladie a une évolution toujours mortelle.
Il existe actuellement 17 espèces de virus de la rage reconnus. Ces espèces du genre Lyssavirus se différencient globalement par leur répartition géographique et par les principaux hôtes qui les hébergent. La rage dite « classique » des carnivores est le plus souvent liée au virus RABV, le plus fréquemment identifié dans les cas de rage chez l'être humain.
Où est présente la maladie?
Provoquant plus de 55 000 décès par an dans le monde, la rage terrestre est présente sur tout le globe à l'exception de certains territoires, soit en raison d'une situation géographique particulière favorable, comme l'Australie, l’Antarctique ou les îles Britanniques, soit ayant éliminé le virus grâce à des programmes de vaccination orale dans les pays d'Europe centrale et de l'ouest.
Dans les pays industrialisés la rage due au virus RABV ne persiste que dans la faune sauvage. En Europe, la rage du chien a été éradiquée depuis plusieurs décennies, et le virus s’est adapté à la faune sauvage à la fin de la Seconde Guerre mondiale, chez les renards et chiens viverrins essentiellement.
La France remplit les conditions de pays indemne de rage selon la définition de l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA). Grâce notamment, aux campagnes de vaccination antirabique orale conduites chez les renards, la rage vulpine, touchant le renard, a été éliminée du territoire français, le dernier cas recensé remontant à 1998. Depuis 1970, 23 décès humains dus à la rage sont survenus en France, le dernier remontant à 2019. Presque tous faisaient suite à une contamination hors du territoire français métropolitain par une souche "classique" de virus rabique.
En revanche, dans de nombreux pays en développement, la rage représente une pathologie endémique. Dans ces pays, les chiens sont le principal réservoir et la principale source de contamination de l'être humain.
Une maladie sous surveillance
Afin d'éviter tout risque de réintroduction, la situation de la rage animale en France fait l'objet d’une surveillance permanente. L'importation illégale depuis l'Afrique de carnivores infectés reste notamment une préoccupation constante justifiée par les conséquences des 11 cas détectés en France depuis 2001, le dernier cas remontant à février 2020 sur un chien contaminé par une souche du Maroc.
Des formes de rage touchant les chauves-souris, ou chiroptères, existent cependant. En Europe, elles sont dues principalement aux virus EBLV-1 et EBLV-2, pouvant infecter l'être humain. En 2012 (Moselle) et 2013 (Savoie), une nouvelle espèce de virus, le virus BBLV, a été reportée sur la même espèce de chauve-souris (Vespertilion de Natterer). En 2017 (Jura), un autre nouveau lyssavirus (LLEBV) a été identifié sur une nouvelle espèce de chauve-souris, le Minioptère de Schreibers.
Pour la population générale, le risque de transmission d'un virus d'une chauve-souris à l'humain est cependant considéré comme très faible en raison de sa faible probabilité d'exposition aux chauves-souris.
Un laboratoire spécialiste de la rage en France, en Europe et dans le monde
Spécialiste de la rage animale, le laboratoire de la rage et de la faune sauvage de Nancy joue un rôle prépondérant dans le système français de surveillance de la rage. Depuis près de 50 ans, le laboratoire participe à la lutte contre cette maladie, en particulier par la conduite de programmes de recherche et de développement et d’expertise. Il a contribué à son élimination du territoire national, et participe activement à des plans européens et internationaux d'éradication.
Laboratoire national de référence, il réalise le diagnostic de rage sur animaux n'ayant pas contaminé l'être humain. Quelques 495 prélèvements sont reçus annuellement pour diagnostic de la rage. Le laboratoire est également à la tête du réseau national de surveillance et de suivi des infections à lyssavirus des chauves-souris. Dans ce cadre, 400 chauves-souris en moyenne sont adressées au laboratoire tous les ans.
Outre ses activités nationales, le laboratoire joue également un rôle majeur au niveau européen avec deux mandats de laboratoire européen de référence pour la rage et la sérologie de la rage. Il est chargé d'évaluer les performances des laboratoires tant pour le diagnostic de rage que pour le contrôle sérologique post-vaccination. Dans ce dernier cas, le laboratoire délivre des certificats attestant des performances techniques des 80 laboratoires internationaux impliqués dans les contrôles de l'efficacité de la vaccination des chiens et chats qui voyagent depuis les pays endémiques de rage vers l'Europe.
Au niveau international, le laboratoire de la rage et de la faune sauvage de Nancy est laboratoire de référence de l'OMSA pour la rage, et il fournit une expertise et des services de laboratoire contribuant à renforcer les capacités des Services vétérinaires nationaux et la sécurité des échanges commerciaux ainsi qu’une assistance en matière de diagnostic pour la détection et la prophylaxie de la rage.
Il est également centre collaborateur de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour le management des zoonoses. Il participe ainsi à l'élaboration et à l'application des lignes directrices relatives à la rage et fournit une expertise scientifique sur les méthodes de contrôle de la rage animale.
Enfin, le laboratoire mène des activités de recherche destinées à évaluer la pathogénicité des virus de chauves-souris circulant en France sur les carnivores domestiques et le renard, ainsi que le franchissement des barrières d’espèces par les lyssavirus. Des activités de recherche sont également conduites à la faveur de collaborations internationales, la plupart étant destinées à des études épidémiologiques et phylogénétiques ainsi qu’au développement de nouveaux outils de détection.
Evaluation des risques liés à la rage
En matière d'évaluation du risque, le comité d'experts spécialisé « Santé Animale » et ses groupes de travail ont produit des avis au cours d’épisodes de réintroduction de la rage canine (de 2004 en région Aquitaine et de 2008 en Seine-et-Marne). Deux avis ont été également publiés en 2007 et 2008 sur les risques de contamination en Guyane française où un nouveau cas a été diagnostiqué en août 2015 sur un chien. Un rapport publié en 2003 est entièrement consacré à la rage des chiroptères. Enfin, un dernier avis publié en avril 2020 traite de la question de l’interprétation de tests antirabiques chez des chiots (PDF) voyageant au sein de l’Union Européenne.
Information des professionnels sur la rage
Bien qu'aucun cas de rage du renard n'ait été constaté en France depuis 1998, la rage reste une menace pour notre territoire. En effet, des cas de rage canine apparaissent sporadiquement suite à l'introduction illégale de chiens en incubation de rage dans notre pays. Ce phénomène n'est pas nouveau, mais semble progresser, en dépit de la réglementation européenne pour le contrôle des animaux de compagnie aux frontières.
La vigilance et la sensibilisation vis-à-vis de cette maladie animale transmissible à l'être humain reste donc de mise, en particulier chez les vétérinaires, les médecins et les laboratoires en charge du diagnostic qui sont autant de maillons essentiels de cette vigilance.