Une nouvelle technique permet d’identifier les OGM non répertoriés
Grâce à une technique développée par le Laboratoire de la santé des végétaux, sur le site d’Angers, il est désormais plus facile d’identifier une séquence d’ADN non répertoriée dans un organisme génétiquement modifié.
La modification génétique des organismes par transgénèse consiste à introduire dans leur génome un ou plusieurs gènes provenant d’une autre espèce. La détection des OGM se fait généralement en recherchant des séquences d’ADN fréquemment utilisées pour les obtenir. Ces séquences permettent à la cellule de l’organisme modifié d’exprimer correctement le gène inséré. C’est par exemple le cas du promoteur p35S, qui signale le début d’un gène. Il est couramment utilisé pour produire des végétaux OGM. Sa détection permet de dire que l’on est en présence d’un OGM, mais n’indique pas quel gène a été introduit, ni sa fonction. Pour en savoir plus, il faut rechercher la présence de gènes connus pour être utilisés en transgénèse. Et si aucun gène répertorié n’est trouvé ? La nouvelle stratégie d’identification conçue par le laboratoire de la Santé des végétaux de l’Anses permet de se passer des techniques fastidieuses qui étaient auparavant nécessaires.
Une activité de référence sur les végétaux génétiquement modifiés
L’unité Bactériologie, virologie, OGM (BVO) du Laboratoire de la santé des végétaux de l’Anses, basée à Angers, détient un mandat de laboratoire national de référence pour la détection des OGM. À ce titre, elle est en charge de développer et de valider les méthodes d’analyse officielles.
Trouver sans savoir ce que l’on cherche
La technique développée permet d’identifier, de manière rapide, une séquence génétique inconnue. Pour cela, l’ADN de l’organisme est découpé en fragments d’environ 6 000 paires de bases d’ADN (le génome d’un végétal peut compter plusieurs millions de paires de bases). Ces fragments, à l’origine linéaires, sont circularisés, une étape importante pour la réussite de la méthode. Ils sont ensuite amplifiés selon la technique de la PCR (Polymerase Chain Reaction) inverse. Pour cette amplification, il faut un point de départ connu, ici le promoteur p35S. Seuls les morceaux d’ADN le contenant seront amplifiés. Il faut également un point d’arrivée, et c’est là que les fragments circulaires ont leur importance : cela permet d’arrêter l’amplification au point de départ et ainsi de dupliquer tout le fragment. Comme le promoteur p35S est suivi par le gène transféré recherché, il suffit de séquencer l’ADN amplifié pour reconstituer sa séquence.
Une technique efficace sur tous les OGM
La méthode a été testée avec succès sur un pétunia transgénique. Les résultats ont été publiés dans la revue Scientific reports. La technique est relativement peu coûteuse et permet d’obtenir le séquençage d’un nouvel OGM en deux jours. Elle est applicable à tout type d’organismes génétiquement modifiés : végétaux, animaux ou bactéries. D’autres applications peuvent également être envisagées, notamment dans le domaine médical. De petites séquences génétiques, appelées éléments transposables, se déplacent dans le génome et sont parfois à l’origine de maladies. L’emploi de cette technique d’identification permettrait de savoir où elles s’insèrent et de comprendre comment leur localisation influence la survenue de maladies.
Le saviez-vous ?
Aucune culture d’organismes génétiquement modifiés en plein champs n’est autorisée en France, par contre, il est possible d’en importer. La nourriture destinée aux animaux contient fréquemment des végétaux OGM. La présence d’OGM dans la nourriture humaine est à l’état de traces : tout aliment en contenant plus d’1% doit le signaler sur son étiquette. Les producteurs d’OGM qui ont le droit de commercialiser leur produit en Europe doivent renseigner les séquences transgènes utilisées. Ceci permet de les rechercher lors de l’identification d’un OGM. Un OGM non répertorié est par définition interdit.